Historique de la Protectora

par **0'maley - Admin** Jeu 26 Sep - 16:20

Quelques termes animaliers en Espagne

"Protectora", terme que vous verrez souvent sur les sites de PA en Espagne est une contraction pour "Asociación de protección animal". Les espagnols ne parlent pas de "bénévoles" mais de "voluntarios" = volontaires.

Chien = Perro - Mâle = Macho - Chienne = Hembra - Chiot = Cachorro - Chat = Gatp - Fourrière = Perrera

Historique de l'association

C'est l'histoire d'un groupe de jeunes habitant Las Torres de Cotillas, banlieue de la ville universitaire de Murcie (Murcia en espagnol), dans la province de Murcie (la ville et la province portent le même nom) au sud ouest de l'Espagne.

C'est l'histoire d'une poignée de jeunes qui fondent en février 2010 une association pour aider à l'adoption des chiens de la fourrière communale de Las Torres des Cotillas.

C'est l'histoire d'une idée géniale qui, au début, au lieu d'améliorer la condition des animaux en cage, la rend encore plus difficile. Pourquoi ? Parce que ces bénévoles vont apporter de l'amour et de l'espoir aux animaux, parce que le vétérinaire officiel de la fourrière ne va plus oser achever les malades et les blessés. Résultat, en quelques mois, la fourrière sera surpeuplée de chiens faméliques, des squelettes sur pattes, malades et mourants dans leurs excréments.

Les bénévoles de la Protectora Las Torres vont alors lancer un appel au secours sur le net à toutes les associations de protection animale espagnoles. Ce SOS sera répercuté dans toute l'Europe. La fourrière de Las Torres de Cotillas se retrouvera affublée du triste surnom de "fourrière de la honte".

L'Europe découvre ces deux enclos au milieu de nulle part, couverts de tôles, en plein soleil, où s'entassent les chiens. Des chiens qui ne sortent jamais, à qui les cantonniers jettent à terre (les jours ouvrables seulement) des poignées de croquettes qui provoquent des bagarres. Seuls les plus forts et les plus malins arrivent à manger. Les cages sont nettoyés au Karcher. Les petits chiens et les chiots sont projetés dans les airs et retombent sur le ciment ou contre les barreaux de leur jaule. Certains sont noyés sous ce jet à haute pression...

En mai 2010, une protectrice expérimenté habitant la région, vient sortir une chienne pointer. Elle pique une crise. Dans une ville qui s'est donné la peine de voter un réglement sur les animaux qui définit clairement les droits et les devoirs de chacun, qui traite de l'aspect sanitaire, mais aussi de la sécurité publique et de la protection des animaux, cette situation est indigne. Faites ce que je vous dis, mais ne faites pas ce que je fais, semble être la devise des autorités poliques de la ville !

En 10 jours, la jeune femme déterminée, aidée de la poignée de bénévoles de Las Torres, va sortir de fourrière une quarantaine de chiens. Les plus malades, les plus faibles en premier. Elle en met partout, en famille d'accueil, dans des refuges privés de qualité, en pension payante. Des chiens sont adoptés dans toute l'Europe. Ensuite, elle demande un rendez-vous à la mairie en présence du vétérinaire et l'accuse de laisser mourir les animaux. Celui-ci affirme que les chiens sont bien nourris mais que c'est parce que certains sont malades qu'ils sont maigres. Les bénévoles ont amené des photos des chiens "avant" et "après". En un mois de nourriture correcte et de soins, ils ont tous repris du poids... Le maire décide d'accéder à la demande des bénévoles. Il leur confie les clés de la fourrière et leur accorde le droit de venir s'occuper des chiens à leur convenance.

Alors tout va bien ? Oui mais... Mais les chiennes mieux nourries se retrouvent de nouveau en chaleur. Les chiens vivent en meute dans les refuges en Espagne et la configuration des cages ne permet pas de les séparer. Il faudrait les stériliser mais la Protectora Las Torres n'a pas les moyens de le faire. C'est ainsi que des chiots naissent sur le ciment des cages.

A l'automne 2010 des protecteurs extrémistes - qui ne s'était pas manifestés au printemps quand les bénévoles avaient besoin d'aide - collent des affiches dans toute la ville avec la photo de la chienne poiter squelettique (adoptée à Barcelone depuis juin 2010 !) barrée d'un texte traitant le maire d'assasin. Un autre groupe fait le mur et vole des chiens dans la fourrière. C'en est trop ! Les autorités politiques soupçonnent les bénévoles de l'association Las Torres et leur interdisent d'entrer dans la fourrière. Les chiens resteront à l'abandon dans leurs cages des mois durant. Le comité de l'association aura la bonne idée de ne pas protester mais de montrer ce qu'il sait faire. Les bénévoles se concentrent alors sur les chiens et les chats abandonnés dans la rue. Ils organisent des manifestations dans la ville visant à récolter des fonds pour leurs animaux (concerts, repas pour les personnes âgées, brocantes, etc.). Ils sont partout. Pas une manifestation communale où ils ne montent leur stand.

Cette patience et cette intégration dans le tissu social de la ville va payer. En août 2011, Esther l'une des fondatrices de la Protectora, peut enfin entrer dans la fourrière. Le spectacle qu'elle découvre est épouvantable. Beaucoup de chiens ont disparu. Ceux qui restent sont dans un état pitoyable. Elle lance un appel aux dons pour pouvoir sortir les plus faibles en fourrière. C'est les vacances, klavak et boliluna ne sont pas là. 0'maley lance un SOS sur les forums de PA en France, ce qui permet d'en sortir 6 en pension payante sur les fonds récoltés. Yenia, croisée husky avec une leishmaniose déclarée, est prise en accueil en France où elle décède en avril 2012 entourée d'amour. Tous les autres sont vivants, adoptés ou en accueil de longue durée.

Turco, croisé mastin, ainsi qu'Esther l'a trouvé en août 2011
Il pesait 30 kg alors qu'il en pèse plus de 50 aujourd'hui !

Turco à la douche le jour de sa sortie de fourrière

Turco, en pension en Espagne, en mai 2012

Turco dans sa famille d'accueil en Isère en mai 2013

A partir de ce jour d'août 2011, les bénévoles vont travailler d'arrache-pied. Les volontaires se relaient pour venir s'occuper des chiens chaque jour, même les dimanches et jours fériés. Les loulous sont nourris. Les boxs sont nettoyés. Les chiens sont sortis en promenade. Les plus obéissants sont lâchés en liberté. Les volontaires jouent avec eux, leur donnent une éducation de base et les conduisent chez le vétérinaire au moindre bobo.

Deux campagnes de stérilisation menées par une vétérinaires française au printemps 2012 permettent de stériliser une quarantaine de chiens. Cette praticienne expérimentée forme de jeunes vétérinaires sur place qui vont prendre le relais.

La protectora améliore son site internet et ouvre une page FB. Le nombre de familles d'accueil sur place et d'adoptions augmente significativement malgré la crise économique qui frappe durement l'Espagne.

Avec une ténacité incroyable ces jeunes ont peu à peu transformé une fourrière communale mouroir en refuge de bonne qualité.

Vidéo officielle de l'association

Site internet de la Protectora Las Torres : http://protectoralastorres.jimdo.com/

Page FB de la Protectora Las Torres : https://www.facebook.com/#!/protectoralastorres?fref=ts